Friday, May 22, 2009

Caribou Harbour - Havre a côté de la Mer Rouge



I took these photos on May 16, 2009 with the intent to document the presence of the harbour from a boat perspective. However the strong presence of the harbour reminds me of how protective nature can be sometimes and brought to my mind the recalling of the following account; which tells of the capture and deportation of an acadian family and how the life saving "brume" allowed for their temporary escape. In many ways a harbour is just that; a temporary escape from the rougher seas of the open ocean.

{Quoted from: Les Bâtiments anciens de la Mer Rouge; p.21-23;}

“L’Histoire de ses ancêtre” par Célina Bourque

… Grand-père Maximin (Bourque, 1781-1878, établi à Bas-Cap-Pelé vers 1818) avait très bonne mémoire pour son âge et souvent il nous racontait ce qui avait arrive à la vieille Acadie. Quand il oubiait, papa lui aidait. Déjà ces histories étaient connues de papa car son père et son grand-père lui en avaient très souvent parlé.

Grand-père nous disait un soir: “Quand j’étais jeune, mon père, Michel (1750-c1840), me disait si bien ce qu’il avait vu et ce qu’il avait entendu des siens, qu’il n’était pas possible d’oublier.” Cette histoire il nous la raconta bieen des fois. Grand-père répétait les paroles de son père. Michel:

“Un jour, disait l’aïeul Michel (ceci se passait à Baie-Verte en 1755), nous arrivions de l’ouvrage. C’était vers l’automne. Le grain était dans les greniers; les pommes en réserves etc. Nous nous mettions à table pour diner et j’avais faim! C’était un diner bouilli, avec pommes cuites à lla crème; quand soudainement on voit venir vers notre maison quatre soldats anglais, habillés en rouge. L’ennemi entre, armé comme des bandits, en disant à haute voix: ‘Vous êtes nos prisonniers. Hâtez-vous de sortir d’ici! Ne finissez pas votre diner. Emportez seulement ce que vous pouvez porter dans vos bras. Les bateaux sont ancrés et vous attendent.

“Nous n’avions plus faim, disait Michel. Le chagrin nous étouffait. Ni plaints ni suppliques ne purent attendrir ces coeurs anglais. Il a bien fallu partir avec l’épée presque au dos. À peine dix minutes de marche, on se retourne et on voit notre maison en flammes et les autres maisons du village. Quelle détresse! Plus d’espoir de retourner dans notre village! Hélas! Rendus aux bateaux, il a fallu monter pêle-mêle. Et ce qui aggravait notre situation, c’est d’avoir à se séparer des siens, de nos amis et de nos familles. Dieu sait comment de familles se sont rencontrées plus tard. Encore une fois nous avons été protégés. La Providence aidait.”

Grand-père et les vieillards disaient que, avant de partir dans ces bateaux, la brume, “protection du ciel”, est devenue si épaisse que beaucoup ont fui après ou avant de monter en bateau. Ils ont pu se sauver à travers les forêts et suivre les rivages. Il y avait avec eux des femmes, des enfants des vieillards et, pour guides, des sauvages. Grand-père disait que c’etait peut-être ces groupes qui ont plus souffert.

“Heureusement, disait Michel, qu’en filant les rivages il y avait du poisson en abondance. Après de longues marches à travers forêts, nou avons rencontré d’autres groupes d’Acadiens qui se sauvaient comme nous!

“Nous étions fatigués et épuisés, disait ce vieillard. Nous sommes arrêtés prendre un peu de repos et nous étions assez nombreux. Nous croyions être en sûreté. Les femmes, les enfants et les vieillards surtout se mirent sur l’herbe pour se reposer, mais à peine quelques minutes de repos qu’un bruit nous fit comprendre que l’ennemi arrivait sur nous.

“Il y avait beaucoup de troncs d’arbres couchés sur terre, le dedans pourri mais très gros comme des barils et grands assez que chacun put y entrer et même cacher les canots. Ce fut l’affaire de rien d’y entrer dans ces creux d’arbres et de sse cacher. D’abord la brume nous protégeait une fois de plus. Nous étions tous disparus aux yeux des soldats, qui nous passèrent et se rendirent près du rivage non loin de nous. Ne voyant aucun bateau, ni personne, ils retournèrent sur leurs pas, un peu mortifiés et fâchés d’avoir manqué leur coup. Un de ces soldats, en passant près d’un de ces arbres morts, dans sa déception, planta son épée dans le corps de cet arbre pourri et l’enfonça très près d’une mère de famille qui ètait là couchée. L’épée s’est plantée à quelques pouces d’elle.

“Quand ces soldats furent assez éloignés, les Acadiens sortirent de leur cachette en remerciant Dieu. Alors ils prirent leur repos et leur repas avant de continuer leur chemin. Ils se dirigeaient vers Menoudie, Memramcook, Cap-Pelé ou d’autres villages, car ils savaient que bien des parents et amis, qui les avaient devancés, y étaient groupés. Guidés par les sauvages, ils purent joindre ces groupes où il y avait déjà bien des Acadiens d’établis.”

… Malheureusement, Célina Bourque n’avait pas un tas de documentation à la portée de la main pour authentifier les pérégrinations de son aïeul Michel Bourque. Or, celui-ci, comme bien d’autres Acadiens, ne réussit que pour un temps à échapper à la vigilance des soldats britanniques. Il fut capturé et amené en prison au fort Beauséjour. En 1765, avec d’autres Acadiens, il se réfugia aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. En 1767, Michel Bourque accompagna Joseph Gueguen, François Arsenault, Jean Bourque, Charles Gautreau, etc., qui firent voile sur une goélette vers la côte est de Cocagne. En novembre 1767, une pétition au nom de Michel Bourque, de René Terriaux et de 22 familles acadiennes leur obtint permission de s’établir à Cocagne et à Gédaïque.

Mais il semble que quelques rares Acadiens réussirent à tromper la vigilance des soldats du conquérant. En 1761, lors d’un voyage qu’il fit de la Miramichi jusqu’au fort Beauséjour, un Anglais du nom de Smethurst s’arrêta à l’embouchure de la rivière Aboujagane, où un Acadien lui offrit le gîte pour la nuit dans sa chaumière: “Thursday, December 10. Last night frosty, the moon shone very bright when we went to sleep; but when we awoke this morning, it was a violent storm at east. Stayed in the cabin all day.”

No comments:

Post a Comment